
Edito : Et maintenant ?
Depuis le mois de mars, la planète entière est plongée dans la plus grande crise sanitaire de ce 21e siècle. Une crise qui a non seulement souligné mais aussi accentué les inégalités dans le monde. Depuis le début de la crise, ce sont les couches les plus précarisées de notre société qui trinquent davantage le plus. Et les étudiant·e·s ne font, évidemment, pas exception à cette règle.
Lorsque le 13 mars, la Première ministre Sophie Wilmès ferme nos cafés, nos musées et nos magasins – bref l’ensemble de notre société- aucune mesure sociale n’accompagne pourtant ce lockdown généralisé. Ainsi, de nombreux·seuses travailleur·euses et étudiant·e·s se retrouvent sans aucun revenu. Cela a deux conséquences. Un nombre important d’étudiant·e·s bénéficient de la solidarité familiale pour payer leurs études. Ces étudiant·e·s ont vu leur famille se retrouver du jour au lendemain dans des conditions de précarité importante. Ces étudiant·e·s qui n’étaient pas précédemment dans des situations de précarité le sont sûrement devenus aujourd’hui. Ensuite, en ce qui concerne les étudiant·e·s qui doivent travailler pour payer leurs études, ceux-ci se sont retrouvés sans moyen de subvenir à leurs besoins d’un jour à l’autre. Nous rappelant ainsi qu’il est inacceptable de devoir travailler pour payer ses études, ce qui enfreint le droit fondamental d’accès universel à l’éducation.
Les établissements d’enseignement supérieur ferment, donc, aussi leurs portes et passent en mode d’éducation à distance. Alors que beaucoup décrivent cette expérience comme un bond en avant vers de futurs mode d’enseignement, elle s’affirme surtout comme un bond en avant pour davantage de sélection sociale. Entre fracture numérique, bug informatique et manque de lieux d’étude, les étudiant·e·s ne sont pas égaux face à cet enseignement à distance. Et ce sont les étudiant·e·s qui n’ont pas les moyens d’avoir des ordinateurs performants ou ceux qui ne disposent pas d’une chambre où se mettre au calme qui en subissent le plus. Ces étudiant·e·s éprouveront donc davantage de difficultés à réussir leurs examens et seront contraints de payer une année supplémentaire. Ou, pire, de devenir non-finançables donc quasi interdits d’inscription. Alors même qu’ils font déjà partie des couches les plus fragilisées des étudiant·e·s.

On retiendra de cette crise que si notre société n’était pas déjà gangrenée par les inégalités, la crise sanitaire actuelle n’aurait sûrement pas eu les mêmes conséquences. Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de mettre un terme à une société qui n’investit pas dans le service à la collectivité. Cette société qui définance les soins de santé, la sécurité sociale et l’enseignement supérieur.
Alors maintenant, on fait quoi ? On continue à se battre et à se mobiliser ! On n’oublie pas que, malgré la crise sanitaire, on doit continuer à réclamer de nouveaux acquis sociaux. Parce que se mobiliser n’est pas un droit qu’on nous donne mais un droit dont on s’empare. Il est temps de s’y remettre.
Chems Mabrouk